Le Parc du Marais poitevin et la LPO au chevet de la biodiversité
Le Busard cendré est oiseau protégé dont le Poitou-Charentes/Vendée accueille l’un des principaux noyaux de la population française. Migrateur, il arrive en mai début juin pour se reproduire. Dans l’ouest de la France, il niche dans les grandes cultures, principalement les céréales.
Pour éviter que les nichées soient détruites pendant les moissons de juillet, un travail collaboratif entre les associations de protection de la nature (ASTUR, GODS et LPO Poitou-Charentes et Vendée), les agriculteurs et le Parc naturel du Marais poitevin, s’engage depuis 20 ans pour protéger les nids.
En 2018, sur le territoire du Parc naturel régional du Marais poitevin :
> 163 nids ont été trouvés (120 nids en plaine et 43 dans le marais).
> 253 jeunes se sont envolés, dont 74 jeunes avant la moisson et 179 grâce aux actions de protection menées par les bénévoles et salariés des associations. Parmi ces 179 « envols protégés », 26 jeunes busards ont été envoyés en centre de soins et 153 ont été protégés par la pose de cages ou de grillages autour des nids après l’accord des exploitants agricoles.
> Depuis 10 ans, 50 % des jeunes se sont envolés grâce aux actions de protection.
> Environ 70 agriculteurs participent tous les ans à la protection de cette espèce.
Ce travail de repérage des nids et de protection s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire du patrimoine naturel du Marais poitevin. Cet outil, créé en 2004 par le Parc naturel régional du Marais poitevin et les acteurs du territoire, permet de suivre l’évolution de la biodiversité : http://biodiversite.parc-marais-poitevin.fr/.
Ce travail collaboratif est rendu possible grâce aux agriculteurs, à l’implication des associations mais aussi aux financements publics (Etat) et privés mobilisés par le Parc naturel régional du Marais poitevin. En 2019 et pour les 3 prochaines années, l’entreprise WKN France participe financièrement à cette opération.
Contexte de l’action
Le Busard cendré, dont l’aire de répartition s’étend de l’Europe de l’ouest aux plaines de l’Asie centrale, connaît un fort déclin dans l’Union européenne. Sa population européenne est estimée entre 15 000 et 20 000 couples. La France accueille un peu plus de 20 % de cette population, soit entre 3 900 et 5 100 couples. Le Busard cendré est considéré comme une espèce vulnérable en France et au niveau régional. Le Poitou-Charentes/Vendée accueille l’un des principaux noyaux des populations françaises.
Ce migrateur strict vient chaque année se reproduire dans les plaines et zones de cultures des marais du Centre-Ouest. Comme les autres espèces de busards, il affectionne les zones ouvertes, ce qui induit sa présence dans le Marais poitevin et ses plaines de bordures.
A l’origine, le Busard cendré utilisait principalement les landes et les marais pour se reproduire. La raréfaction de ce type de milieux l’a obligé à s’adapter à un milieu de substitution, celui des grandes cultures, principalement de céréales. Ceci n’est pas sans conséquences pour l’espèce. Lorsqu’arrive le temps des moissons (généralement juillet), beaucoup de jeunes ne sont pas volants et sont donc vulnérables vis-à-vis de ces travaux agricoles. C’est pour cette raison que la sauvegarde de cette espèce menacée nécessite une action de sauvegarde sans laquelle l’espèce serait amenée à disparaître.
Le territoire du Marais poitevin occupe un rôle majeur pour l’accueil de cette espèce pendant la période de reproduction. Le Parc naturel régional du Marais poitevin, conscient du rôle qu’il a à jouer dans la survie de cette espèce, apporte son soutien financier aux opérations de sauvegarde des nichées de Busard cendré dans le cadre de l’Observatoire du patrimoine naturel du Marais poitevin. Cette action se déroule depuis plusieurs années en partenariat avec les associations des départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime. En Vendée, cette action a débuté en 1982, dans les polders de la baie de l’Aiguillon (C. Pacteau – ASTUR), puis s’est étendue aux plaines du Sud Vendée en 1999 avec la LPO 85. Cette opération de sauvegarde a également débuté en 1999 en Charente-Maritime, avec la LPO (antenne Charente-Maritime), et en 1998 dans les Deux-Sèvres avec le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres (GODS).
Suivi des couples de Busard cendré
1- Prospection initiale
A partir de mi-avril, les sites de nidification connus et les zones favorables (plaine céréalière et marais desséché) sont prospectées pour rechercher les busards (parades, cantonnements, indices permettant de pressentir la présence d’un ou plusieurs couples).
2- Recherche des nids
A partir de mi-mai, une visite systématique des cantonnements repérés est entreprise afin de localiser les nids. Après un passage de proie par le mâle à la femelle, celle-ci retourne au nid. Son emplacement est ainsi repéré. Un contact avec l’exploitant agricole est alors réalisé par l’association pour protéger le nid. Toute visite de nid et éventuelle pro
tection ultérieure sont conditionnées par l’accord de l’exploitant agricole.
3 – Intervention
Protection
Après accord de l’agriculteur, le nid est recherché précisément en pénétrant dans le champ en utilisant les travées du tracteur.
En fonction de l’avancement de la reproduction et toujours avec l’accord de l’agriculteur exploitant, la protection de la nichée est envisagée ou non. Plusieurs méthodes peuvent être employées :
La surveillance et la sauvegarde des nichées sont réalisées de mi-juin à début août. Pour la protection des nids, nous proposons la pose d’une cage traineau en grillage afin de limiter la dispersion des poussins et la prédation. En cas de refus, la mise en place de jalons permet de signaler la présence du nid.
Transfert
Pour les nids dont la protection est refusée par l’agriculteur, ou pour les nichées beaucoup trop tardives (œufs au moment de la moisson), les poussins ou les œufs sont transportés au Centre de Soins de la Faune Sauvage de Saint-Denis-du-Payré en Vendée, géré par l’association ASTUR.
Dialogue et pérennité de l’action
Le suivi sur le marais et les plaines de bordure, permet de localiser annuellement entre 80 à 150 couples de Busards cendrés sur le Marais poitevin.
L’action, financée principalement par des fonds d’Etat, ne serait durable sans l’implication des bénévoles qui participent à ce suivi et sans la coopération des agriculteurs pour protéger les nichées.
Les surveillants busard sont généralement des bénévoles impliqués, des stagiaires et des salariés des associations. Cette action très chronophage et parfois difficile ne pourrait se faire sans une bonne entente avec les exploitants agricoles. Le dialogue est donc primordial afin de rappeler les enjeux de la protection des busards.